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• 1538; uistre, oistre v. 1270; h pour éviter la confus. avec vistre; lat. ostrea, du gr.1 ♦ Mollusque bivalve (lamellibranches), à coquille feuilletée ou rugueuse, comestible ou recherché pour sa sécrétion minérale (nacre, perle). Huîtres perlières. ⇒ méléagrine, pintadine.♢ Spécialt Huître comestible, pêchée (huître de drague) ou élevée (huître d'élevage). Huître portugaise, huître creuse. ⇒ gryphée; marennes. Huître plate. ⇒ belon. Huître claire, fine de claire. Bancs d'huîtres. ⇒ huîtrière. Parc à huîtres (⇒ ostréiculture) . Une douzaine d'huîtres. Plat, fourchette à huîtres. Couteau à huîtres, pour les ouvrir. Huîtres chaudes. Loc. Se fermer comme une huître.2 ♦ Fig. et fam. Personne stupide.huîtren. f. Mollusque lamellibranche, à deux valves inégales de forme irrégulière, qui est élevé (ou parfois pêché) pour sa chair.— Huître perlière: V. pinctadine.⇒HUÎTRE, subst. fém.A. — Mollusque marin lamellibranche comestible, à coquille bivalve asymétrique (grossièrement feuilletée à l'extérieur, nacrée à l'intérieur), qui vit fixé, par sa valve creuse, à un corps submergé et qui fait l'objet d'un élevage (l'ostréiculture). J'ai vu disparaître, ou à peu près, ces déjeuners d'huîtres, autrefois si fréquents et si gais, où on les avalait par milliers; ils ont disparu avec les abbés, qui n'en mangeaient jamais moins d'une grosse, et les chevaliers, qui n'en finissaient plus (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 178). L'usage est d'y demander des huîtres d'Ostende avec un petit ragoût d'échalotes découpées dans du vinaigre et poivrées, dont on arrose légèrement lesdites huîtres (NERVAL, Bohème gal., 1855, p. 154) :• La culture des huîtres comprend quatre stades successifs. Il faut d'abord que l'ostréiculteur possède du naissain, c'est-à-dire du frai d'huître. À cette fin (...) on installe des supports (...) sur lesquels viendra se fixer l'embryon d'huître (...) on arrive ensuite au stade de l'élevage.BOYER, Pêches mar., 1967, p. 80.♦ Huître à l'écaille (vx). Huître comestible. (Dict. XIXe et XXe s.).♦ Huître perlière. Groupe de mollusques marins ou d'eau douce qui sécrètent des perles (méléagrine, pintadine, mulette). J'ai vu là [au musée d'histoire naturelle de Munster] des huîtres perlières très-intéressantes en ce sens qu'elles montrent la formation de la perle à ses différents degrés (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 84). L'huître perlière est le terme collectif désignant divers mollusques marins ou d'eau douce; la perle marine a un orient plus chaud; l'huître d'eau douce est simplement recherchée pour la fabrication des boutons de nacre (METTA, Pierres préc., 1960, p. 119).— [P. allus. à la fable de La Fontaine : L'Huître et les Plaideurs] J'espère que les Danois seront plus durs à cuire qu'ils ne se sont montrés (...). Je soupçonne les Prussiens de vouloir accaparer l'huître (MÉRIMÉE, Lettres Viollet-le-Duc, 1864, p. 109).— Fam. [P. réf. à l'immobilité de l'huître qui reste fixée à son support, ou plus gén. à son mode de vie] Vivre d'une vie d'huître, bâiller comme une huître. Vous nous empêchez de boulotter, et ensuite parce qu'on bâille de faim, vous dites que nous sommes des huîtres (COURTELINE, Gaîtés Esc., 1886, III, 2, p. 44). Des huîtres collées à leurs barricades, tes va-nu-pieds! (ARNOUX, Roi, 1956, p. 18).SYNT. Huître de drague, d'élevage, de pleine mer; huître laiteuse, verte; huître américaine, pied-de-cheval, portugaise; huître de claires; huître d'Arcachon, de Cancale, de Belon, de Marennes, de la Manche; huîtres farcies, frites, marinées, à l'andalouse, à la poulette, au parmesan, en barquette, en hachis; potage d'huîtres; écailler, gober, élever, manger, ouvrir, pêcher des huîtres; banc d'huîtres; parc à huîtres; une douzaine d'huîtres; couteau, fourchette à huîtres; transporter des huîtres dans une clayette, dans une bourriche.B. — 1. Fam. Personne sotte, stupide. Qui t'a permis de laisser entrer? Cent fois je t'ai dit de tenir ma porte close... Quelle huître, Seigneur Dieu, quelle huître! (COURTELINE, Femmes d'amis, Gouvernante, 1894, p. 77).2. Vulg. ,,Mucosité expectorée`` (DELVAU 1883).Prononc. et Orth. : [
]. Pour h init. v. huile.Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIIIe s. oistre (J. DE MEUN, Testament, 1168 ds Rose, éd. Méon, t. 4, p. 60), forme en usage jusqu'au début du XVIIe s. (v. GDF. Compl.); XVe s. huistre (Myst. du siège d'Orléans, p. 663 ds LITTRÉ); 1660 « personne sotte » (OUDIN Fr.-Esp.). Du lat. ostrea « id. » (du gr.
« id. »). Fréq. abs. littér. : 433. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 812, b) 865; XXe s. : a) 459, b) 408.
DÉR. Huîtrier, -ière, adj. Relatif aux huîtres, à leur élevage, leur vente, leur pêche. Industrie huîtrière. C'étoit le rendez-vous de toutes les pirogues huîtrières de la ville (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 299). — [], fém. [-
]. Att. ds Ac. 1935. — 1re attest. 1801 id.; de huître, suff. -ier.
huître [ɥitʀ] n. f.ÉTYM. 1538; uistre, oistre, v. 1270; l'h (d'abord huistre) pour éviter la lecture [vistʀ, vitʀ]; du lat. ostrea, du grec ostreon.❖1 Cour. Mollusque lamellibranche à coquille feuilletée ou rugueuse, comestible ou recherché pour sa sécrétion minérale (nacre, perle [cit. 4]). ⇒ préf. Ostréi-. || Huître qui s'ouvre, bâille (cit. 5), boude (cit.). || Huître laiteuse, pleine d'œufs. || Jeunes huîtres. ⇒ Naissain. || Huître perlière. ⇒ Méléagrine, pintadine. — Huîtres comestibles, pêchées ou élevées. ⇒ Ostréiculture. || Huîtres de drague, pêchées. || Huîtres d'élevage. — Huîtres communes, huîtres pied-de-cheval, huîtres portugaises (ou gryphées), huîtres de pleine mer. || Petites huîtres de la Manche. ⇒ Perlot. || Élevage des huîtres dans des parcs (⇒ Acul, clayère, parc [cit. 3]; amareyeur, ostréiculteur) pour protéger leur croissance et les faire verdir (⇒ Claire). — Huîtres de claires, et, absolt, des fines de claires, des claires. — Désignation des huîtres d'après leur lieu d'élevage : huîtres d'Arcachon, d'Ostende; huîtres de Belon (⇒ Belon), de Marennes (⇒ Marennes), de la baie de Cancale (⇒ Cancale). — Transport des huîtres en bourriches, en cloyères. || Les huîtres se vendent à la douzaine. || Ouvrir des huîtres. ⇒ Écaillage, 1. écailler, 2. écailler; ouvre-huître; → Gruger, cit. 1. || Couteau, fourchette à huîtres. || Manger, gober des huîtres (→ Faiseur, cit. 9). || Dégustation d'huîtres. || Plateau d'huîtres, d'oursins, de palourdes, de praires. ⇒ Fruit (de mer). || Huîtres consommées crues, au poivre (⇒ Mignonnette), au citron, à la vinaigrette et aux échalotes (cit.). || Potage aux huîtres. (Dans la cuisine chinoise). || Sauce d'huître : sauce épaisse à base d'extrait d'huîtres et de sauce de soja. || Bœuf, champignons à la sauce d'huître. || Huîtres consommées cuites, grillées (cit. 2). || Huîtres Rockefeller. || Huîtres au gratin. || Soupe aux huîtres. || Mois en R, où l'on peut manger des huîtres. || Une douzaine d'huîtres.1 Les huîtres d'Ostende furent apportées, mignonnes et grasses, semblables à de petites oreilles enfermées en des coquilles, et fondant entre le palais et la langue ainsi que des bonbons salés.Maupassant, Bel-Ami, I, V, p. 99.2 D'un tas d'huîtres vidé d'un panier couvert d'alguesMonte l'odeur du large et la fraîcheur des vagues.Albert Samain, le Chariot d'or, Roses dans la coupe, La cuisine, p. 39.3 (…) elle posa sur la table une bouteille de vin blanc et des assiettes garnies d'huîtres rondes et luisantes.—C'est le vin des vignes qui pousse à l'abri des dunes, dit René. Il est âpre, mais convient aux huîtres, comme une goutte de citron. Les huîtres sont meilleures encore à l'aube (…) Ah ! la première huître ! (…) Il respira voluptueusement, la mâchoire serrée :—N'est-ce pas ? quelle fraîcheur ! (…) ce fruit salé (…)J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 381.4 Les huîtres naissent de la mer. Elles demeurent quelques années dans les parcs sur le rivage, puis elles font un séjour dans les claires où elles prennent leur teinte verte et je crois plus de saveur. Elles doivent ces vertus au mélange de l'eau de mer et de l'eau douce qui suinte des marais, et aussi à une algue inconnue. C'est une culture très simple, mystérieuse, et qui n'a pas changé depuis l'antiquité.J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 378.♦ L'huître et les plaideurs, fable de La Fontaine (→ Écaille, cit. 11).♦ Par compar. ☑ Se fermer comme une huître : se replier sur soi. — Par analogie :4.1 (…) M. Alidor de Boismouchy est une huître dans laquelle il y a une perle…E. Labiche, Deux Merles blancs, II, 6.2 (1894, Courteline). Fam. et vieilli. Personne stupide. → Moule.5 Un homme (…) simple d'esprit (est un) niais (…) un béjaune, un serin, une moule, une huître (…)F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 78.3 Très fam. Crachat.❖DÉR. et COMP. 1. Huîtrier, 2. huîtrier, huîtrière. Ouvre-huître.
Encyclopédie Universelle. 2012.